Les soft skills et leur origine : qui en est l’inventeur ?

En 1972, l’armée américaine intègre officiellement une distinction dans ses critères d’évaluation, séparant les compétences techniques de celles liées au comportement et à la communication. Ce basculement institutionnel ne s’appuie alors sur aucune base scientifique solide, mais il marque une rupture durable dans la gestion des ressources humaines.

Aucune définition universelle n’est adoptée par les organismes internationaux, malgré une utilisation massive du terme depuis plusieurs décennies. Les contours de ces compétences évoluent au fil des classifications, des cultures et des secteurs professionnels, rendant leur identification complexe et mouvante.

Les soft skills, bien plus qu’un simple effet de mode

La transformation du monde du travail au xxie siècle a bouleversé la façon dont les compétences sont évaluées. Les entreprises, confrontées à l’incertitude économique et à des marchés changeants, recherchent aujourd’hui des profils capables de s’adapter, de collaborer efficacement et de résoudre des problèmes qui dépassent la simple application de savoir-faire techniques. Les soft skills, ces compétences comportementales qui différencient un candidat d’un autre, se démarquent désormais des hard skills, longtemps considérées comme le socle de toute expertise professionnelle.

En parlant de soft skills, on évoque tout un éventail de capacités : compétences sociales, intelligence émotionnelle, savoir-être, communication interpersonnelle, gestion du stress. Leur point commun ? Une aptitude à naviguer dans l’imprévu et à renforcer la dynamique collective. D’après divers sondages internationaux, les recruteurs placent la communication, la capacité à travailler ensemble et l’apprentissage continu parmi les critères les plus déterminants pour la performance d’une équipe.

Pour illustrer ce que recouvrent ces compétences, voici les principales qualités plébiscitées par les employeurs :

  • Intelligence émotionnelle : capacité à comprendre et gérer ses émotions, mais aussi à percevoir celles des autres pour mieux interagir.
  • Gestion du stress : aptitude à rester efficace même lorsque la pression monte.
  • Créativité et pensée critique : véritables moteurs pour innover et s’adapter face à l’inconnu.

Le développement des soft skills s’impose peu à peu dans les cursus, de l’université à la formation continue. De plus en plus d’établissements intègrent ces compétences transversales à leurs programmes, convaincus qu’elles favorisent la réussite sur le long terme. Leur impact va bien au-delà de la simple recherche d’emploi : elles façonnent la qualité des relations, le climat de travail et la capacité à rebondir dans un contexte changeant.

Qui a inventé les soft skills ? Retour sur une origine méconnue

L’expression soft skills ne prend pas racine dans la Silicon Valley ni dans les business schools flambant neuves. Sa genèse se joue sur les terrains d’entraînement de l’armée américaine à la fin des années 1960. À cette époque, les instructeurs cherchent à distinguer les compétences techniques, comme la manipulation d’armes ou la conduite de véhicules, des aptitudes humaines, telles que la gestion d’équipe ou la motivation des troupes. En 1972, le terme fait sa première apparition officielle dans des documents internes de l’armée, pour désigner ces savoir-faire non techniques jugés déterminants lors des missions.

Mais l’idée remonte plus loin. Dès le début du xxe siècle, des figures comme Frederick Winslow Taylor, précurseur du taylorisme, pressentent déjà l’importance de miser sur des compétences relationnelles pour améliorer l’organisation du travail. Quelques décennies plus tard, l’expérience Hawthorne menée par Elton Mayo à Chicago met en lumière l’impact des dynamiques sociales sur la productivité des équipes. Même si le terme « soft skills » n’existe pas encore, ces recherches placent déjà l’intelligence émotionnelle et les comportements au centre de la performance collective.

En France, le concept tarde à s’imposer. Il faut attendre le début des années 2000 pour voir des institutions comme l’École Hôtelière de Lausanne ou l’ANAPEC intégrer progressivement le développement des compétences transversales dans leurs cursus. Plus récemment, des chercheurs comme Jeremy Lamri s’attachent à diffuser cette notion, en soulignant son intérêt stratégique pour l’économie actuelle.

Vieux livres et documents historiques sur un bureau vintage

Des exemples concrets pour comprendre l’impact des soft skills aujourd’hui

Parmi toutes les compétences comportementales, la communication occupe une place de choix. Dans une équipe projet, la capacité à transmettre une information sans ambiguïté, à écouter activement et à reformuler si besoin, conditionne la réussite collective. Les employeurs reconnaissent la valeur de ces compétences, au même titre que l’expertise technique. La gestion du stress s’avère tout aussi déterminante. Face à un client exigeant ou à une deadline serrée, garder son sang-froid permet de préserver la qualité du service et d’éviter l’escalade des tensions.

Le secteur du service à la clientèle en offre une illustration concrète : une intelligence émotionnelle développée améliore la satisfaction des clients. Anticiper les besoins, désamorcer un conflit, adapter sa communication à chaque situation, ces gestes quotidiens font la différence entre un employé apprécié et un simple exécutant. Les actions de formation incluent désormais des modules axés sur la pensée critique et la créativité. Résoudre un problème inédit, imaginer une nouvelle solution, trouver un détour efficace : ces compétences élargissent la palette professionnelle des salariés.

Pour mieux saisir la portée des soft skills, voici quelques exemples concrets observés au quotidien :

  • Un développeur informatique, capable de collaborer sans friction, accélère la livraison d’un projet complexe.
  • Un responsable d’agence bancaire, doté d’une solide adaptabilité, réagit sans délai aux changements de réglementation.
  • Une assistante de direction, grâce à sa collaboration efficace, facilite la circulation de l’information entre services.

Le développement des soft skills s’impose désormais comme une dynamique centrale pour la performance et la fidélisation. Les études récentes le confirment : la dimension humaine façonne la valeur du travail aujourd’hui. Reste à chacun de s’emparer de ces compétences pour ne plus subir le changement, mais le devancer.

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