Aucune méthode d’enseignement ne convient uniformément à chaque élève. Pourtant, certaines approches restent privilégiées dans la plupart des salles de classe, souvent au détriment de profils plus atypiques. Le découpage des styles d’apprentissage, loin d’être une simple affaire de préférence individuelle, influence directement la réussite et l’engagement des apprenants.Entre classifications reconnues et modèles alternatifs, les définitions évoluent, tout comme les pratiques pédagogiques. Les recherches récentes mettent en lumière les apports, mais aussi les limites d’une adaptation systématique aux profils d’apprentissage. Les conséquences s’observent aussi bien dans l’acquisition des savoirs fondamentaux que dans le développement des compétences transversales.
Pourquoi parle-t-on de styles d’apprentissage ? Un regard sur la diversité des profils
Impossible de passer à côté de la notion de styles d’apprentissage lorsqu’on parle pédagogie depuis des années. Les publications consacrées aux styles cognitifs brossent le portrait d’une multitude de façons d’apprendre, d’aborder les informations et de s’investir dans un projet éducatif. Chaque apprenant développe peu à peu son approche, entre habitudes, expérience et rythme propre. Cette diversité ne se limite pas à de la théorie : elle se manifeste quotidiennement dans les salles de classe ou en formation, partout en France.
Des chercheurs comme Jean Piaget ont profondément influencé notre compréhension des variations individuelles dans l’apprentissage. Piaget a proposé une vision subtile et évolutive des mécanismes intellectuels. Dans la foulée, David Kolb a proposé un modèle reposant sur l’expérience : observer, réfléchir, théoriser, puis expérimenter, dans un mouvement circulaire, en adaptant constamment sa manière d’acquérir des connaissances. Ces approches rappellent que l’histoire de chacun, son contexte et ses expériences, modèlent la façon d’intégrer du savoir.
Pour donner un aperçu plus concret, plusieurs situations font écho à cette réalité dans les classes :
- Certains élèves préfèrent une analyse posée des difficultés, d’autres n’hésitent pas à tâtonner et rectifier en pratiquant.
- Visuelle, auditive ou kinesthésique : la mémoire active différemment d’une personne à l’autre et ne résume pas toute la richesse des apprentissages.
- La façon d’être en groupe, l’autonomie et la gestion du rythme influent sensiblement sur le processus enseignement-apprentissage.
Dissensions et enthousiasme se succèdent depuis que ces idées ont été adoptées en France. Débattre des styles d’apprentissage traduit une volonté : comprendre le mode de fonctionnement de chaque élève pour faire évoluer la pédagogie. Les classifications se multiplient, se raffinent, mais une chose demeure : chaque élève dissimule une méthode qui lui est propre. Prendre ce détail au sérieux, c’est garantir que l’apprentissage reste vivant, pluriel et exigeant.
Les 8 styles d’apprentissage chez l’enfant et le modèle VAK : quelles différences ?
La recherche sur les façons d’apprendre a étoffé ses modèles : le concept des 8 styles d’apprentissage proposé par Alain Lieury s’est imposé dans l’Hexagone, permettant de distinguer une diversité de profils, notamment chez les enfants. On y retrouve les styles visuel, auditif et kinesthésique, auxquels s’ajoutent verbal, logique, social, solitaire et naturaliste. Dans la réalité, la plupart des élèves puisent dans plusieurs de ces registres selon les circonstances pour assimiler, retenir et manipuler des connaissances.
À côté de ce modèle, le référentiel VAK se concentre sur trois grands canaux sensoriels. Ce découpage a essaimé dans la formation et dans les classes, aidant notamment les enseignants à diversifier leurs supports. Ainsi, le profil visuel s’appuie sur les schémas et illustrations, le profil auditif privilégie la discussion ou l’écoute attentive, tandis que le kinesthésique tire parti des manipulations ou des expériences concrètes.
Ce qui distingue fondamentalement ces deux modèles, c’est l’ampleur du spectre couvert. Là où les 8 styles intègrent des critères sociaux ou logiques, le VAK recentre sur les sensations. Le débat n’a jamais cessé sur la meilleure utilisation de ces repères pour ajuster les pratiques en classe. Depuis longtemps, des pédagogues tels que John Dewey rappellent la nécessité d’adapter l’enseignement à la variété des profils. Le fil conducteur reste limpide : accueillir la multitude de manières d’apprendre pour donner à chaque enfant davantage de chances de progresser.
Comment adapter l’enseignement à chaque style pour mieux accompagner les apprenants ?
La différenciation pédagogique est souvent la voie choisie pour s’adapter à la mosaïque des profils dans une classe. Chacun façonne sa relation au savoir selon son histoire, ses perceptions, son environnement de travail. Sur le terrain, les enseignants jonglent entre différentes méthodes d’enseignement, alternant exposés, ateliers, activités collaboratives ou exercices pratiques. L’émergence de l’enseignement en ligne et de l’autoformation ajoute de nouvelles possibilités : avancer à son rythme, moduler les contenus en fonction de ses besoins concrets.
Certains élèves progressent mieux à l’aide de supports graphiques, d’organigrammes ou de cartes conceptuelles, lorsqu’ils ont une dominante visuelle. Un enfant à l’aise dans l’écoute profitera des échanges, des exposés oraux ou des supports audio. Dès qu’une sensibilité kinesthésique apparaît, proposer des manipulations, des ateliers ou tout simplement laisser davantage de place au mouvement devient une option gagnante.
Face à cette diversité, plusieurs solutions sont régulièrement mises en avant :
- Mise en place d’ateliers pour stimuler l’expérimentation et l’initiative de certains profils.
- Favoriser la prise de parole et l’écoute active lors de travaux de groupe ou de jeux de rôles.
- Recourir à des outils numériques qui diversifient les ressources et aident à personnaliser le tempo de l’apprentissage.
La formation professionnelle des enseignants évolue également pour prendre en compte ces réalités, permettant de cibler avec précision les objectifs d’apprentissage et d’enseignement et d’affiner les choix pédagogiques. Certaines institutions expérimentent des parcours sur mesure et étudient leur impact. Ces démarches, inspirées tout autant par la recherche que par les expériences de terrain, dessinent une pédagogie attentive à la progression de chacun sans perdre de vue la dynamique du collectif.
Bénéfices, limites et exemples concrets : ce qu’il faut retenir pour une pédagogie efficace
Tenir compte de la diversité des styles d’apprentissage façonne les nouvelles pratiques pédagogiques. Ajuster l’enseignement selon les profils permet d’accroître la clarté et la pertinence de la transmission des connaissances et compétences. Mixer observation, analyse et expérimentation facilite l’intégration des connaissances. Les travaux de Piaget sur l’épistémologie génétique montrent à quel point les activités pratiques favorisent l’initiative, la réflexion et une mémoire plus durable. Prenons l’exemple de l’enseignement des sciences : plus la place laissée à la manipulation est grande, plus l’intérêt et la compréhension s’ancrent chez les élèves.
Du côté de la formation adulte, ces résultats sont corroborés. S’appuyer sur des exercices concrets, partir de l’expérience, dynamise l’acquisition des compétences ; prendre en considération les parcours individuels rend la motivation plus solide et améliore les progrès en formation.
Quelques illustrations concrètes
Pour donner vie à ces approches, plusieurs exemples montrent comment tirer parti de la diversité des profils :
- Mettre en scène des situations réalistes via des jeux de rôles, afin d’exercer les compétences en communication.
- Lancer des projets collectifs, combinant analyse de documents et prise de parole, pour renforcer l’autonomie.
- Développer des ateliers en petits groupes lors de formations professionnelles, dans le but d’encourager la coopération et l’entraide.
Mais la différenciation doit faire face à des obstacles bien réels. Le manque de temps, les ressources limitées, des classes nombreuses : voilà ce qui complique l’ambition d’une pédagogie sur mesure au quotidien. Les équipes pédagogiques, qu’elles soient à Paris ou ailleurs, poursuivent la réflexion pour articuler au mieux volontés d’innovation, suivi des progrès et contraintes logistiques.
Au fond, la véritable question n’est pas de choisir entre les modèles, mais bien de garder l’esprit alerte et disponible. Ajuster, réajuster, pour permettre à chaque élève de tracer sa trajectoire et garder éveillée cette soif d’apprendre qui, finalement, ne demande qu’à grandir.


